Première publication, août 2013 (révisée août 2015)
Paraîtra fin août, aux éditions Vrin, mon essai sur la causalité mentale. En voici une présentation sommaire.
Par bien des aspects le problème de la causalité mentale peut nous apparaître insoluble. En levant votre bras par exemple dans une assemblée afin de voter « oui », vous effectuez un certain déplacement physique dont la cause est la volonté d’apporter votre soutien à une personne ou à une décision. Votre désir de montrer votre approbation en pareil cas et votre croyance que l’élévation de votre bras signifie « oui » entraînent et guident votre action. L’évidence qu’un certain état mental, constitué ici d’un désir et d’une croyance, cause un événement physique, le mouvement de votre bras, et d’une façon plus large, une action, soulève un problème. Comment un état mental, comme une croyance et un désir, que je ne peux pas identifier en tant que tel dans les derniers résultats d’un ultime examen que la science pourrait produire au sujet du cerveau, peut-il causer un mouvement physique ? Comment une chose pareille est-elle rendue possible ? C’est le problème antédiluvien de la causalité mentale – et ce livre cherche à le résoudre.
La solution philosophique que je propose non seulement soutient l’idée que l’esprit et le corps sont intimement liés mais que les processus psychologiques ne sont pas séparés des processus physiologiques. La science et la philosophie n’ont, en effet, rien à craindre l’une de l’autre. Vouloir comprendre ce qu’est l’esprit, chercher à en savoir plus long sur la relation qu’il entretient avec le corps ne peut que résulter du double progrès de la science empirique et de l’évolution de nos concepts. Il n’en demeure pas moins que les informations que nous offrent la neurobiologie ou les sciences cognitives ne nous délivrent pas la solution du problème philosophique de la causalité mentale.
Pour cette raison, l’approche de cet ouvrage est résolument métaphysique ! On y parle d’événements mentaux, de « survenance » de l’esprit sur le physique, on y dissèque et analyse les concepts de causalité, de dispositions, de pouvoirs, de propriétés… On introduit même des entités de l’art : les tropes. Toutefois, si l’enquête est purement philosophique, qu’elle s’inscrit dans une tradition amorcée et léguée par Descartes, elle se construit ici et maintenant, c’est-à-dire dans notre monde stupéfié par les résultats que mène la science, en particulier les neurosciences.