Le problème de la causalité mentale (une solution efficace mais discutable)

Première publication, décembre 2008 (révisée août 2015)

Le problème de la causalité mentale naît de la conjonction de quatre principes qui pris isolément peuvent être acceptés, mais considérés dans leur ensemble produisent une contradiction.

Un premier principe, préalable à tous les autres, et que notre position d’agent ne peut pas vraiment négocier s’établit ainsi :

(0) Les causes mentales ont des effets physiques.

Si l’on considère que les relata de la relation causale sont des événements et si l’on attribue une place centrale aux propriétés dans les événements, alors on peut poser les quatre principes suivants qui constituent le problème dans sa forme contemporaine :

(1) Les causes mentales ont des effets physiques. (Pertinence des propriétés mentales).

(2) Les propriétés mentales ne sont pas des propriétés physiques. (Distinction).

(3) Chaque événement physique possède une cause physique suffisante. (Complétude).

(4) Il n’existe pas de cas régulier de surdétermination causale des événements physiques. (Non surdétermination).

La solution à ce problème passe en général par l’abandon ou la modification de l’un d’entre eux. Cependant, une solution simple et efficace focalisée sur les deux premiers principes permet de mettre un terme au problème. Seulement, cette solution passe par l’acceptation de la thèse de l’identité des propriétés mentales et des propriétés physiques. Cette thèse résout le problème dans la mesure où une seule cause est sollicitée pour produire un effet physique.

 

cause mentale et identité

A première vue le modèle possède une grande cohérence. En effet, beaucoup d’arguments plaident en faveur de l’identité des propriétés mentales et physiques. Cependant, la thèse de l’identité des types identifie la propriété d’être une douleur, par exemple, avec une condition neurophysiologique particulière. En procédant de la sorte, la théorie de l’identité suppose que la propriété mentale est identique à un genre neuronal.

Lorsque nous utilisons un prédicat mental attribuant un état d’esprit à un organisme, comme celui d’éprouver une douleur, et que nous l’utilisons dans un énoncé vrai comme « Jacques éprouve une douleur » car nous le voyons grimacer et geindre en se tenant la joue (il doit avoir mal aux dents !) est-ce que nous désignons une propriété mentale que pourrait partager Jacques avec un chien, un congre, un martien ? En effet, on peut dire de beaucoup d’organismes qu’ils éprouvent une douleur. Etre réaliste à propos de quelque chose c’est considérer cette chose de façon indépendante de notre esprit. Si on est réaliste à propos de la propriété F, on pense que le prédicat ‘être F’ doit désigner une propriété partagée par chaque chose à laquelle il s’applique. Nous sommes, en effet, habitués à ce que le réalisme requière que notre manière de parler du monde découpe ontologiquement le monde. La thèse de l’identité des types de propriétés qui permet de régler le problème de la causalité mentale s’appuie sur une conception des propriétés qui procède ainsi par alignement sur certains prédicats. Cette conception, si elle est répandue peut être questionnée. Est-ce que la satisfaction d’un prédicat est une condition suffisante pour l’existence d’une propriété réelle ? Cependant Jacques manifestement éprouve une douleur ! Quel statut ontologique peut-on alors donner à cette douleur qui existe bel et bien et qui de ce fait est la cause de son comportement ?

Ainsi la résolution du problème de la causalité mentale par l’introduction de la thèse de l’identité des propriétés pourrait être contestée non à propos de la recherche d’une identité entre le mental et le physique, mais en raison d’un point de vue ontologiquement discutable.

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